Impôts : c’est reparti !

 

Pourquoi payer ses impôts sur le reve­nu ? Il vaut mieux attendre qu’ils repartent», plaisantait l’humoriste Pierre Dac. Un conseil, ne l’écoutez pas, vous risqueriez d’attendre longtemps. Le thème des prélèvements obligatoires, mis sous le tapis pendant des années, a fait irruption dans le débat politique. Il va occuper la campagne présidentielle. Et au-delà. Guère étonnant : nos finances publiques ont atteint la cote d’alerte. Le paiement des intérêts de la dette est le deuxième budget de l’Etat et se rapproche inexorablement du premier, à savoir l’Education nationale. L’équivalent de la presque totalité de l’impôt sur le revenu lui sera, l’an prochain, consacré.

On sent déjà dans la nuque le souffle des agences de notation, prêtes à dégrader la note de la France. Pour mémoire, perdre notre AAA, c’est devoir emprunter plus cher. Et un seul point d’intérêt supplémentaire nous coûterait 6,3 milliards en 2012, 8 milliards en 2013, etc. Un vrai nœud coulant. A force d’avoir reculé devant les décisions courageuses, nous devons aujourd’hui à la fois faire beaucoup d’économies et augmenter les impôts. Impossible d’y couper. La question est de savoir qui va être mis à contribution : les classes moyennes, les plus riches, les familles ­modestes ou tout le monde à la fois ?

Ce sera l’enjeu de l’élection présidentielle. Entre la gauche et la droite, un gouffre. Les socialistes promettent un grand soir fiscal, qui aurait le mérite de clarifier notre système, champion d’Europe de la complexité et de l’injustice. Mais nos calculs réalisés sur la base des propositions du camp Hollande, le montrent : il essorerait les foyers aisés. La droite, elle, va manger son chapeau et enterrer la politique fiscale défendue par Nicolas Sarkozy depuis 2007. Résultat, selon nos simulations : avec lui, tout le monde pour­rait payer plus. Demain, et c’est nouveau dans une campagne électorale française, on nous promet qu’on ne rasera pas gratis.

François Genthial
Capital n° Novembre