mardi 14 juin 2011

Point de vue concernant les évènements de Metlaoui

Evénements de Métlaoui : où sont passés nos pseudo-politiciens ?


Par Oualid Jaâfar

Métlaoui brûlait, le sang y coulait, une guerre de tranchées et une tuerie fratricide s’y sont installées pour façonner un nouveau drame post-révolutionnaire. Le spectacle est poignant et la phénoménologie de ces événements est complexe, mais ceux qui sont censés être aux avant-postes à Métlaoui pour analyser, comprendre et agir pour l’apaisement et réfléchir à des solutions durables sont aux abonnés absents. Mais où sont passés nos hommes politiques ?

Ils contemplent, nous gavent de propos tantôt idéalistes et tantôt alarmistes. Aucun n’a eu le courage de faire le déplacement à Métlaoui pour écouter, discuter et calmer les esprits. L’exercice est fait à distance, en mode «wifi».

Cette tribu d’hommes politiques, ou de pseudo-politiciens, serait-elle capable de tenir un jour les rênes du pays ? Les Tunisiens sont en droit d’en douter. Depuis le 14 janvier, je les observe et je les scrute; ils font la politique à leur manière, ils courtisent et se contredisent. Ces pseudo-Zorro courent les plateaux de télévision et savourent les micros des radios, mais malheureusement, ils passent à côté de l’essentiel. Noyés sous le déluge des sollicitations médiatiques, ils ne savent plus se rendre maîtres de leurs attitudes et oublient que leur vocation première est de servir ce peuple et de vivre ses malheurs. Certes, ce sont des apprentis de la révolution, mais au vu de leur attitude, ils risquent de muter en apprentis sorciers.

Obnubilés par cette obsession du magot ou plutôt du mégot du pouvoir, ils s’aveuglent... une aveuglante absence de lumière qui a l’emprise sur leurs cœurs et esprits.

Alors, je vous tance, vous les manieurs du verbe et les jongleurs de la chose publique, et si vous êtes vraiment des hommes politiques dignes de cette distinction, réveillez-vous et ayez le courage de répondre au sens du devoir et de faire une immersion à Métlaoui. Essayez de décrypter ces événements sanglants qui ne sont pas dignes d’une République. N’ayez pas de crainte, le citoyen ordinaire de Métlaoui vous dira mille et une choses sur son vécu et sur le malaise de sa région…au moins vous allez panser ses blessures et lui offrir une vision prometteuse de l’avenir.

Un jour, vous serez serviteurs de notre chère patrie, et il faudra certainement mériter ce privilège et assumer cette responsabilité. Gare à vous, car la révolution préférera le chaos et le vide plutôt que de vous confier le précieux sésame de gouvernance de ce pays.

Oui, le chemin est long et vous devez faire preuve de hardiesse et de courage. La politique, avant qu’elle ne soit affiches et meetings, loges et postures, est avant tout et après tout responsabilité et sensibilité extrême pour l’intérêt du pays.

«Qui ne sait pas être serviteur, ne pourrait être maître»(*) …A bon entendeur…

(*)Anton Tchekhov



Auteur : O.J (Citoyen Tunisien)

Publié sur les colonnes de La Presse : 14-06-2011



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