mardi 14 octobre 2014

La compétition des conservateurs



Le professeur Slim Laghmani se livre à un exercice exploratoire et analytique en rapport avec "le catalogue" d'offre politique disponible avant les élections du 26 Octobre.

Et voilà qu'il s'avère que nous sommes devant une offre politique structurellement conservatrice ! Et oui, c'est ce qui ressort de cette analyse intellectuellement espiègle, et  le professeur Laghmani ne s'est pas limité au constat...  une découverte ? ...Bonne lecture

Terra Nova Tunisie


 
 
La Compétition Des Conservateurs
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 


Slim Laghmani (*)
 

Les élections à venir n’opposent que des partis conservateurs, nous avons à choisir parmi les conservatismes :
 

 1. (a) Il y a ceux qui veulent conserver l’Islam des origines, l’Islam des trois premières générations, celui des compagnons, de leurs disciples et des disciples de leurs disciples (b) et ceux qui veulent conserver l’Islam tunisien et qui répètent machinalement, Islam modéré, ash’arite, malékite.

Les deux ignorent ou font mine d’ignorer que dans les deux cas c’est, fondamentalement, la même lecture de l’Islam.
 
2. (a)Il y a ceux qui conservent le rêve d’un monde arabe unifié et d’une nation arabe forte et unie, des Etats-Unis arabes dont la Tunisie ne serait qu’une composante parmi d’autres et dont le centre se situerait ailleurs et (b) ceux qui veulent conserver la « tunisianité », une Tunisie authentique, ancrée dans une histoire multiséculaire, méditerranéenne, arabe et africaine, occidentalisée en un mot bourguibienne.

Les deux ignorent ou font mine d’ignorer qu’il ne peut y avoir de salut que dans la synthèse.
 
3. (a) Il y a ceux qui veulent conserver un système économique libéral, intégré dans l’ordre économique mondial et (b) ceux qui conservent le rêve de l’Etat providence, voire du capitalisme d’Etat.

Les deux ignorent ou font mine d’ignorer la faillite patente des deux options.
 
4. Et puis il y a les autres,  ceux qui se définissent conservateurs sans dire ce qu’ils veulent conserver sans même savoir ce qu’ils veulent conserver, uniquement à cause de la connotation morale positive du mot conservateur en langue arabe.
 
Je ne suis ni sociologue ni politiste et j’en appelle à eux pour qu’ils réduisent le paradoxe : une révolution politique et sociale d’une part et un paysage politique conservateur d’autre part. Mais la réponse est peut être dans le paradoxe lui-même : Il n’y a eu qu’une révolution politique et sociale, il n’y a pas eu de révolution économique et culturelle.
 
 

(*) Juriste, professeur à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Slim Laghmani est expert universitaire en Droit constitutionnel.
Membre du Comité des experts au sein de la Haute instance de réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, président de la sous-commission des libertés publiques et à ce titre chargé de la préparation du projet de décret-loi relatif aux partis politiques et du projet de décret-loi relatif aux associations.

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