Olivier Ravanello
après des débuts au service international de LCI, il devient Grand Reporter notamment au proche et moyen orient. Deux mois de reportage dans l'Irak en guerre, la couverture de la réélection de George Bush Junior, son poste de correspondant permanent à Moscou pour TF1 et LCI et la Prix de la Presse diplomatique, ont fait de lui un véritable Expert en questions internationales.
L'Égypte, la Révolution, les Frères Musulmans et... Visconti (1)
En Égypte, alors que l’élection présidentielle approche, les procès contre les frères musulmans se multiplient. 700 condamnés à mort qui s’ajoutent aux 500 autres il y a quelques semaines. Le début d’une dérive sanguinaire ? Surtout la fin de la révolution.
J’adore le Guépard(2). C’est mon film
fétiche. Il y a la quintessence de l’Italie que j’aime. La culture, la beauté
et surtout, l’intelligence distanciée sur les hommes, leurs passions et la
première d’entre elles : la politique, la révolution ! Quand les Français la
font, le sang envahit les rues, chacun est sommé de s’engager pour ou contre et
le pays en sort lardé de plaies béantes. En Italie, Garibaldi et ses copains
étaient au départ à peine 150. Et la révolution, il fallait la faire pour que
rien ne change !
Le régime de Moubarak était vieux, corrompu, népotiste
Tout change pour que rien ne change. C’est ce qu’ont bien compris les généraux
égyptiens, la nouvelle garde qui arrive au pouvoir aux côtés d’al-Sissi. Le
régime de Moubarak était vieux, corrompu, népotiste. Mais rien ne pouvait le
changer. Le Raïs voulait passer la main à son fils, qui ne pensait qu’à une
seule chose : s’enrichir. La révolution est passée par là. Les jeunes dans la
rue, par milliers, par millions. Les slogans ("dégage", "la
liberté tout de suite", "dehors les momies").
L’illusion que Facebook pouvait conduire au pouvoir.
Ces jeunes qui rêvaient d’une Égypte moderne, ouverte, démocratique, ont vu
arriver au pouvoir l’obscurantisme fait politique. Les frères musulmans dans
leur version originale, brute de décoffrage, lancée pour une reprise en main de
la société, avec la morale de l’islam comme Alpha et Oméga. Un exemple, un
seul, de cette contre-révolution qui gagnait le pays : les ballets de l’opéra russe
annulés parce que les tutus sont une insulte au prophète ! On aurait aimé
pouvoir en rire.
La révolution aura permis à une nouvelle génération d’arriver au pouvoir
Par millions, ils sont descendus dans la rue pour dire non, et l’armée qui
n’attendait que ça est venue leur prêter main forte. Ces jeunes qui voulaient
la liberté sans condition se sont mis à applaudir des hélicoptères de l’armée
comme s’ils étaient l’emblème de la démocratie ! Mais le cauchemar Morsi leur
avait fait tellement peur que se réveiller avec al-Sissi relevait de la lune de
miel. Aujourd’hui, cette armée remet les choses telles qu’elles étaient avant.
Les généraux au pouvoir, une constitution qui sépare l’Islam et l’État, et des
décrets pour définir un cadre de liberté relatif.
Au final, la révolution aura permis à une nouvelle génération d’arriver au
pouvoir. Cette génération bloquée et dégoutée par Moubarak a repris en main le
destin du plus grand pays arabe de la planète. Il y a du Tancrède(2) chez cet
al-Sissi : "Croyez-moi mon oncle, si nous ne nous en mêlons pas,
ils vont nous faire la révolution en moins de deux ! Si nous voulons que tout
reste tel que c’est, il faut que tout change"...
(1) Visconti : Luchino Visconti di Modrone est un réalisateur et metteur en scène italien
(2) Le Guépard : ((Il Gattopardo) est un film franco-italien réalisé par Luchino Visconti, adapté du roman
homonyme de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, sorti en 1963. Il
a reçu la Palme d'or au Festival de Cannes 1963.
Synopsis
En
mai 1860, après le débarquement de Garibaldi en Sicile,
à Marsala, Don Fabrizio assiste avec détachement et
mélancolie à la fin de l'aristocratie. Ces aristocrates comprennent que la fin de leur
supériorité est désormais proche : en fait, ceux qui profitent de la
nouvelle situation politique sont les administrateurs et grands propriétaires
terriens de la nouvelle classe sociale qui monte. Don Fabrizio, appartenant à
une famille d'ancienne noblesse, est rassuré par son neveu préféré Tancrède
qui, bien que combattant dans les colonnes garibaldiennes, cherche à faire
tourner les événements à son avantage. Tancrède explique à son oncle :
« Si nous ne nous mêlons pas de cette affaire, ils vont nous fabriquer une
république. Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout
change ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire