mercredi 13 janvier 2016

Pourquoi l’offensive d’Obama sur les armes à feu est un non-sens







Par Olivier Ravanello | Le Monde selon Ravanello – mar. 5 janv. 2016

La libre circulation des armes engendre la mort. C’est une conviction profonde. Et on peut le comprendre. "Les États-Unis sont le seul pays développé à connaitre un tel problème". Obama repart en guerre contre les armes à feu dans son pays. Perdu d’avance.

C’est un débat absurde. Dès le départ les dés étaient pipés. Quand on entend aujourd’hui que les Américains sont attachés à ce droit fondamental de porter une arme, qu’il en va de leur culture, de leur histoire, que c’est un héritage de pionniers vivants dans un monde hostile où il faut se défendre… Bullshit ! Dans les autres pays d’Europe aussi au XVIIIe siècle, on pouvait se faire trucider dans les ruelles sombres à longueur de journée et attaquer par des loups dans les montagnes des Alpes. Il n’empêche ; on ne se ballade pas avec un fusil d’assaut dans le coffre au cas où...
Mais admettons. Comparaison n’est pas raison disait ma grand-mère. Laissons le débat aux États-Unis. Quand les pères fondateurs rédigent la constitution de leur tout jeune pays, ils posent dans le 2ème amendement le principe suivant qu’il faut lire avec attention. "Le droit de chacun de posséder et de porter une arme ne doit pas être enfreint". Liberté totale donc, mais pourquoi ? Lisons la suite."Pour ce qu'une milice bien organisée est nécessaire à la sécurité d’un État libre". Remettons ça en Français aujourd’hui : "Parce qu’une milice bien organisée est nécessaire à la sécurité d’un État libre".
Voilà la raison. Les armes sont nécessaires pour se défaire de l’emprise de la couronne britannique, affronter la meilleure armée du monde de l’époque, les Tuniques rouges, et ensuite les armées d’Espagne. Les États-Unis d’Amérique d’alors n’ont pas d’armée ni les moyens de s’en payer une. Donc il faut permettre à chacun de s’équiper, d’acheter un fusil, de s’entrainer au tir pour avoir une armée citoyenne auto-constituée. Ce fameux 2ème amendement ne consacre pas un principe fondamental, il vient au contraire répondre à un besoin du moment. C’est une loi Ad Hoc qui est aujourd’hui complètement obsolète puisqu’il ne vous aura pas échappé que côté armée bien équipée, les Américains sont bien pourvus ! L’argument du droit fondamental est donc d’une malhonnêteté intellectuelle totale.
N’empêche le mal est fait. Aujourd’hui, en bonne logique ce sont les individus qui s’organisent à leur échelle, les États qui fixent les règlent de port d’armes et pas Washington. Un permis n’est pas forcément valable d’un État à l’autre. Ça dépend des cas. Dans certains États, il faut remplir des critères simples pour y être autorisé (21 ans, résider dans l’État, vérification du casier judiciaire, payer une cotisation). Dans d’autres, il faudra justifier la raison ; l’auto-défense suffira la plupart du temps. "Je me sens en danger j’ai besoin d’une arme", et le shérif vous donne un permis. Notez qu’on débat toujours aux États-Unis sur le fait de "pouvoir se défendre". Le débat étant de savoir si l’on peut tirer le premier. Là aussi ça dépendra des États ! Dans quelques villes en revanche les armes sont réservées à ceux qui en ont besoin (police, agents de sécurité).
Pour contourner les États et le Congrès qui lui est hostile, Obama va donc jouer sur l’achat des armes à feu sur internet, territoire virtuel qui n’est pas la souveraineté des États. Seul mesure générale : interdire la vente d’armes à feu aux personnes ayant une maladie mentale. Ouah ! Un petit pas pour l’homme et un tout petit pas pour la réglementation d’armes à feu.

Pagination


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire