Une tendance qui se confirme et se généralise : les banques traditionnelles
(à réseau d'agences) sont en train de supprimer la gratuité de la tenue de compte. Au delà de la polémique suscitée en France par cette orientation (en 2015, les deux grandes mastodontes du système bancaire -Société Générale et BNP Paribas ont elles aussi supprimer cette gratuité), il est intéressant d'entrevoir l'impact d'une telle politique tarifaire sur le paysage concurrentiel bancaire en France : Le quotidien économique "Les Echos" nous apporte quelques éclairages sur cette question.
Les Effets collatéraux des nouvelles politiques tarifaires des banques
En rendant les comptes bancaires payants, les banques
vont inciter leurs clients à revisiter leur budget banque pour clôturer leurs
comptes les moins actifs.
Multi-bancarisés, les Français vont être
poussés à fermer leurs comptes les moins actifs et à regarder de plus près les
offres des banques en ligne.
Face aux banques traditionnelles de plus en plus nombreuses à assumer la
facturation de leurs services via des « frais de tenue de compte »
perçus chaque mois, les banques en ligne voient l’avenir en rose. Selon
le baromètre 2015 du cabinet Simon- Kucher & Partners, 23 % des clients
indiquent envisager d’y ouvrir un compte ou d’y transférer certains de leurs
avoirs, contre 15 % en 2014. Par ailleurs, 8,3 % des Français déclarent y
détenir au moins un produit (compte courant ou livret d’épargne), alors qu’ils
n’étaient que 7,1 % en 2014. Et ce n’est peut-être qu’un début. Grâce à des
tarifs au rabais et à de multiples « cadeaux » de bienvenue, ces acteurs
veulent en effet pousser leur avantage. Pour mémoire, Boursorama a revu ses
objectifs à la hausse : il dit viser 2 millions de clients en 2020, contre
environ 712.000 à ce jour.
Pour les clients, ces comptes en ligne ne viennent toutefois que rarement
se substituer à leurs banques traditionnelles, dont ils restent largement
captifs. « La mobilité bancaire se concentre encore sur des cas
spécifiques, lorsque les clients souscrivent un crédit immobilier et qu'ils
sont contraints de domicilier leurs avoirs dans la banque qui leur accorde un
prêt par exemple », souligne Jocelyne Amegan, senior manager chez
Capgemini.
Vers une plus grande mobilité bancaire ?
En rendant les comptes bancaires payants, les banques en dur vont néanmoins
inciter leurs clients à revisiter leur budget banque. Passer en revue ses
comptes bancaires, faire la part entre ceux qu’on utilise et les autres, afin
de clôturer ces derniers, promet de devenir tendance. Le mouvement a déjà
commencé puisqu’en 2014 le nombre total de clients des banques françaises a
reculé de 0,20 %, selon les calculs du cabinet Score Advisor. « Depuis
2013, soucieux de ne pas s’exposer à des frais bancaires inutiles, les clients
tendent visiblement à réduire le nombre de comptes qu’ils possèdent », confirme
le cabinet.
Pour les banques ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. « L’enjeu
financier est faible puisqu’il s’agit principalement de comptes de relations
secondaires peu actives. Et il y a aussi des vertus à se défaire de clients
inactifs, qui sont souvent non rentables », fait valoir Axel Reinaud,
directeur associé senior au BCG. Reste à savoir si les services d’aide à la
mobilité des clients, prévus dans le cadre de la loi Macron–qui devront
être proposés par chaque banque d’ici à 2017–, feront passer à cette
logique d’optimisation budgétaire un nouveau cap de nature à relancer la
concurrence.
Pour aller encore plus loin :
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