mercredi 12 mars 2014

MATTEO RENZI NOUVEAU PRESIDENT DU CONSEIL ITALIEN : LE STYLE, LES PROMESSES ET LE MODUS OPERANDI






Il est jeune (39 ans), ambitieux et promet le renouveau pour l’Italie : Matteo RENZI est pressé, et il prône la rupture. Les italiens, semblent surpris voire désarçonnés par l’hardiesse de RENZI et se posent des questions quant à sa capacité à conduire le changement qu’il veut radical. Et puis certains observateurs voient, dans ce qu’il a entrepris  au niveau de son parti (PD : Partito Democratico) pour exiger l’éviction de Letta de la présidence du conseil, un certain opportunisme politique : RENZI serait-il un jeune loup assoiffé du pouvoir pour qui l’éthique politique n’existe pas ?
Qu’il soit sincère ou bonimenteur, porteur d’un vrai projet de réforme ou un Casanova politique, il est certain que RENZI a secoué l’Italie.


Son style est révolutionnaire. Le chef du PD et désormais Président du Conseil, s'inspire du style et du discours de Tony Blair et de Barack Obama. Il s'inspire volontiers dans l'allure du président américain, aimant se présenter manches de chemise retroussées. Souvent vu en train de participer à des marathons ou circulant à bicyclette dans sa ville, il aime arborer une veste de cuir qui lui a valu des satires le montrant comme Fonzie, héros de la série américaine Happy Days. Renzi est aussi un orateur hors pair, au style très décontracté. Renzi, «il Rottamatore» (le démolisseur) comme on le surnomme en Italie, souhaite «dépoussiérer» son parti et la gouvernance politique du pays, rien que ça ! Certainement le style y est, mais quid du reste ?

Ses promesses, telles qu’annoncées, s’inscrivent dans une logique de rupture. Renzi veut réformer les institutions pour une meilleure efficience, appuie une réforme de la loi électorale pour que l’Italie ne soit pas ce pays qui vit perpétuellement dans l’instabilité politique, revendique une nouvelle vision concernant l’administration publique afin qu’elle soit réellement au service du citoyen au lieu qu’elle soit perçue comme un obstacle, etc.…c’est une nouvelle impulsion que veut donner le jeune Renzi à l’Italie, mais comment va-t-il s’y prendre ?

Son Modus operandi demeure le grand point d’interrogation. Par exemple Renzi a promis une baisse de la pression fiscale. D’autre part, il s’est engagé solennellement d’une manière ferme et sans équivoque pour un déblocage immédiat et total du reliquat des impayés de l’Etat envers les entreprises italiennes qui ont honoré leurs engagements dans le cadre des marchés publics : les analystes économiques se posent des questions quant aux moyens financiers qui seraient à la disposition de Renzi pour honorer cet engagement qui se chiffre à plusieurs dizaines de milliards d’euro.

A ce niveau, Renzi doit revoir sa copie, et présenter des arguments cohérents et une vision d’ensemble qui n’occulte pas l’aspect budgétaire. Autrement, sa crédibilité serait sérieusement remise en cause…


TERRA NOVA TUNISE a sélectionné pour vous des papiers de la presse internationale (*) qui se sont intéressés à Matteo Renzi, afin que vous puissiez mieux connaitre ce nouveau Zorro, Casanova, Don quichotte, Rastignac, et que sais-je encore.…..de la scène politique italienne.

A Très Bientôt

TERRA NOVA TUNISIE




Italie: Renzi invite le pays à «un changement radical et immédiat»

 Incisif et plein d’énergie, le jeune Premier ministre Matteo Renzi a invité l’Italie à un «changement radical et immédiat» lundi devant les sénateurs, dans un discours pro-européen où il n’est guère entré dans le détail de son programme.

«L’avenir de l’Italie n’est pas de pleurer du matin au soir, ou d’être la lanterne rouge de l’Europe», «l’Italie veut devenir un lieu d’opportunités», a lancé le fougueux président du Conseil dans un discours d’une heure, en grande partie improvisé.

Volontiers provocateur, l’ex-maire de Florence, 39 ans, a rappelé qu’il n’avait pas l’âge requis pour siéger au Sénat (40 ans) et que l’abolition de cette Chambre sous sa forme actuelle figurait en bonne place dans son programme. «J’espère être le dernier Premier ministre à réclamer la confiance du Sénat», a-t-il même lancé, alors que l’existence même de son gouvernement dépend du vote de confiance des sénateurs, attendu dans la soirée.

A contre-courant du sentiment anti-européen qui croît dans la péninsule, M. Renzi s’est livré à un vibrant plaidoyer pour l’Union européenne, dont l’Italie assurera la présidence tournante semestrielle à compter du 1er juillet.
«La tradition européenne et européiste représente la meilleure partie de l’Italie ainsi que sa certitude d’avoir un avenir», a-t-il dit. «Ce ne sont pas Angela Merkel et Mario Draghi qui nous demandent de tenir nos comptes publics en ordre», a-t-il poursuivi en évoquant la gigantesque dette du pays, plus de 130% du PIB.

«Nous devons le faire par respect pour nos enfants, pour ceux qui viendront après nous», a-t-il lancé, alors que le pays sort timidement de la récession.

Rappelant les grandes réformes qu’il avait annoncées la semaine dernière -loi électorale, travail, administration publique, fisc, réforme de la justice-, M. Renzi n’a guère dévoilé de mesures concrètes. A l’exception du remboursement «intégral et immédiat» des dettes de l’administration publique envers les entreprises privées. Ces dettes d’un montant de plusieurs dizaines de milliards d’euros pénalisent fortement le tissu des petites et moyennes entreprises (PME) italiennes.
- «Pas d’alibi» -

Autre nouveauté annoncée, l’envoi de déclarations d’impôts pré-remplies aux salariés de la fonction publique.

Il a aussi promis «une réduction à deux chiffres» de la pression fiscale «avec des mesures sérieuses, irréversibles», non détaillées, mais assurant «des résultats immédiats dès 2014» et il a plaidé avec force pour attirer les investissements étrangers en Italie.

Selon Giorgio Merletti, président de la confédération syndicale des artisans, Confartigianato Imprese, ces promesses représentent environ «100 milliards d’euros à trouver immédiatement». La bourse a toutefois bien accueilli le discours de Matteo Renzi, gagnant 0,42% à la clôture.

Très à l’aise, le jeune dirigeant s’est appuyé à plusieurs reprises sur des exemples concrets, nés de son expérience de maire et de père de famille. Celui d’un jeune homme victime d’un chauffard ivre qui a écopé d’une peine mineure, pour justifier une réforme de la justice. Celui d’une écolière née en Italie de parents étrangers, pour plaider en faveur d’une réforme de la citoyenneté.

Comme son prédécesseur, Enrico Letta, qu’il a écarté grâce à un coup de force au sein de leur Parti démocrate (PD), Matteo Renzi s’appuie sur une coalition gauche-droite: le PD, première force de centre gauche, le Nouveau Centre droit (NCD) d’Angelino Alfano, ministre de l’Intérieur et ex-allié de Silvio Berlusconi, et «Scelta Civica», le parti centriste de Mario Monti.

Au Sénat, M. Renzi peut compter sur une majorité faible mais a priori suffisante. A la Chambre des députés, où le vote interviendra mardi, pas de suspense, le PD étant largement majoritaire.

Pour mener ses réformes, M. Renzi va s’appuyer sur son ministre de l’Economie, Pier Carlo Padoan, ex-chef économiste de l’OCDE.

Fort de 16 ministres, dont les deux tiers sont nouveaux, le nouvel exécutif paraît moderne et jeune, mais beaucoup sont néophytes et connaissent mal les dossiers techniques. 

M. Renzi s’expose en première ligne et l’a d’ailleurs reconnu, en concluant devant les sénateurs: «Le temps du courage est venu. Si nous perdons ce défi, ce sera ma faute, nous ne chercherons pas d’alibi».

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